Histoire Des Libertines : Théodora, La Putain Devenue Impératrice De Byzance. Bibliographie Et Histoire D’Antonine Épouse De Bélisaire Et Amie De Théodora

Plusieurs lecteurs et lectrices ayant demandé que les récits historiques intègrent une bibliographie, je le fais volontiers pour Théodora, car celle-ci est abondante.
Je souscris volontiers à cette demande, car Théodora est, avec Cléopâtre et Messaline, un personnage qui me fascine par sa beauté, son courage et son hypersexualité.
Je veux aussi profiter de ce texte pour revenir sur l’adultère d’Antonine, épouse du général Bélisaire, mari trompé et complaisant, liaison qui a bénéficié du soutien actif de Théodora.
Au fil des années, j’ai lu beaucoup d’ouvrage sur Théodora et son mari, l’empereur Justinien.

LES SOURCES

• L’histoire secrète de Procope

Notre principale source est l’ouvrage de Procope de Césarée, qui, dans ses ouvrages officiels, sur les guerres de Justinien et les édifices, avait magnifié les réalisations du grand empereur et de son épouse.
Une traduction récente a été réalisée par l’historien Pierre Maraval et édité en 1990 aux éditions les Belles Lettres, dans la collection La Roue aux livres.

L'analyse interne du texte permet d'établir qu'il a été rédigé en 550. Vu sa teneur, il n'a sûrement pas été publié sous Justinien et a dû circuler sous le manteau. On ignore quand et par qui il a été publié. Il s'agit d'un pamphlet très virulent, où l'auteur déverse sa haine de Justinien, de sa femme Théodora et de ses principaux collaborateurs. Il est maintenant généralement accepté que Procope l'a en fait vraiment écrite, ce dont certains historiens avaient douté.
Le couple impérial constitué de l'empereur Justinien Ier et l'impératrice Théodora y est attaqué avec une extrême violence, tant pour ses pratiques sexuelles que pour sa politique sanglante à l'égard de la population de l'Empire byzantin.
Le général Bélisaire et sa femme Antonina sont également l'objet d'attaques virulentes.

Certains passages sont tellement grossiers et si proches de la pornographie qu'il n'en exista longtemps que des traductions latines, parfois expurgées.

C'est un véritable brûlot lancé contre Justinien Ier en personne.

L'auteur qualifie l'impératrice, de « Messaline d'Orient » et lui fait dire qu'elle regrettait que la nature ne lui ait pas donné un quatrième orifice pour mieux savourer les plaisirs de la chair, la qualifiant de véritable nymphomane. Procope s'acharne sans ménagement sur l'impératrice, la qualifiant d'arriviste, de manipulatrice, de comploteuse, d'être une femme de mauvaise vie, de basse naissance, de débauchée, passant son temps à organiser et à participer à de gigantesques orgies et à forniquer avec ses propres esclaves et serviteurs dans le palais impérial.
L’Histoire secrète aura permis à la postérité de se rappeler de l’impératrice Théodora, mais à quel prix? En effet, l’auteur Procope de Césarée y a décrit avec soin une femme cruelle, froide, sadique, une débauchée sexuelle, une femme qui répondait à ses instincts primaires et qui se préoccupait de son bien-être avant tout.
De façon plus politique, le livre accuse le pouvoir impérial d'avoir ruiné et opprimé la population de l'empire.
Pendant longtemps, les traductions du grec étaient seulement disponibles en latin et Edward Gibbon – dans le chapitre 40 de Décadence et Chute de l'Empire Romain (tome 2, consacré à Byzance ; publié chez Robert Laffont dans la collection « Bouquins » 1983) – écrivit sur Théodora que "ses arts doivent être voilés dans l'obscurité d'une langue apprise", et ensuite va citer le passage en grec avec des commentaires en latin!

LES OUVRAGES D’HISTORIENS

De nombreuses biographies ont été consacrées à Théodora. Je me contenterai de les citer. Voici celles qui figurent dans notre bibliothèque constitué par Philippe et que nous enrichissons en permanence depuis notre rencontre, car nous sommes unis, non seulement par mon hypersexualité et son candaulisme, amis aussi par notre commune passion de l’histoire et du livre :

• Francis Fèvre : Théodora impératrice de Byzance (Presses de la Renaissance, 1984)

• Paolo Cesaretti : Théodora, impératrice de Byzance (Payot 2003)

Il existe aussi des biographies romancées et romanesques de l’impératrice :

• Guy Rachet, Théodora, impératrice d’Orient (Editions du Rocher 2001)

• Odile Weulersse : Théodora, courtisane et impératrice (Flammarion 2001)

• Michel de Grèce : Le Palais des larmes (Editions Olivier Orban 1988).
Michel de Grèce est d’ailleurs le seul à prêter à Théodora, en 534, une brève liaison adultère avec un officier goth dénommé Ruderic. Choix de romancier, car même le venimeux Procope n’a pas été en mesure d’affirmer que Théodora avait trompé Justinien.

Je pourrai également citer les biographies de l’empereur Justinien, dont l’œuvre est inséparable de celle qui l’a inspiré, son épouse Théodora.

• Guy Gauthier : Justinien, le rêve impérial (Edition France Empire, 1998)

• Georges Tate : Justinien : l’épopée de l’empire d’Orient (librairie Arthème Fayard 2004)

• Pierre Maraval : Justinien, le rêve d’un empire chrétien universel (Editions de Noyelles 2016)

Comme l’écrivit le grand historien de Byzance Charles Diehl : « Il y a deux Théodora, celle de l’Histoire Secrète, et celle de l'histoire, sans épithète. La première est la plus connue, et son aventure, à bien prendre les choses, est banale, pour peu qu'on lui retire cette grandeur de perversité presque épique dont Procope l'a entourée : histoire de danseuse qui, ayant beaucoup vécu, a cherché un établissement durable, et ayant trouvé un homme sérieux, s'est rangée dans le mariage et dans la dévotion ».
Je voulais aussi profiter de ce récit pour revenir sur le personnage d’Antonine, l’épouse adultère du général Bélisaire et grande amie de Théodora.

ANTONINE EPOUSE ADULTERE DU GENERAL BELISAIRE, MARI COMPLAISANT

Antonina, née vers 484 et morte après 565, est une patricienne byzantine et l’épouse du général Bélisaire. Personnage controversé, l'historien Paolo Cesaretti la présente comme le « bras droit » de l'impératrice Théodora dans l'exercice du pouvoir. D'après Procope, elle disposait également d'une grande influence sur son mari.
Procope indique que le père et le grand-père d'Antonina étaient des conducteurs de char qui conduisaient devant différents publics, notamment à Constantinople et à Thessalonique. Procope ne mentionne pas leur nom.

La mère d'Antonina, dont le nom ne nous est pas parvenu, était une actrice. Procope la mentionne avec mépris dans ses écrits. Il indique qu’elle était « une des prostituées du monde du théâtre ».

AMIE INTIME DE THEODORA

Antonina a eu une vie dissolue durant sa jeunesse et a eu beaucoup d's avant son mariage. C’est à cette époque qu’elle rencontre Théodora, future impératrice, avec qui elle restera amie tout au long de sa vie.
A propos d'Antonina, Procope écrit : « Cette femme, dans ses premières années, a vécu une vie obscène et est un personnage dissolu ».
Procope indique qu’Antonina a un fils, Photius et que celui-ci provenait d’un précédent mariage.

ADULTERE

Plus âgée que son époux, Antonina s’était éprise du fils que Bélisaire avait adopté peu après son mariage, appelé Théodosius, et s’entendit avec Théodora pour se débarrasser du fils, Photius qu’elle-même avait eu d’un premier mariage et qui avait dénoncé à Bélisaire l’adultère de son épouse.
Amie, alliée et partenaire des abominations de Théodora, elle dominait son mari Bélisaire, lequel même au courant de ses excès, lui pardonnait tout, allant, selon Procope, jusqu’à faire les esclaves qui lui avaient dénoncé l’adultère de son épouse et à faire assassiner un de ses amis, le général Constantin, qui lui exprimait sa compassion.

BELISAIRE AVEUGLE

Procope dénonce la naïveté de Bélisaire. La scène se passe à Carthage, en 533, où Bélisaire a été envoyé pour reconquérir le Nord de l’Afrique sur les Vandales : « à Carthage, Bélisaire la surprit dans l'acte même, mais s'autorisa à être trompé par sa femme. Trouvant les deux dans une chambre souterraine, il fut très en colère; ainsi elle dit, en ne montrant aucune peur ou tentative de garder quelque chose cachée, "Je suis venue ici avec le garçon pour enterrer la plus précieuse part de notre pillage, où l'Empereur ne le découvrira pas." Ainsi dit-elle en manière d'excuse, et il mit de côté la question comme s'il l'a croyait, même s'il vit la ceinture de pantalon de Théodose quelque peu impudiquement défaite.
Car il était tellement lié par amour pour sa femme, qu'il préférait mettre en doute l'évidence de ses propres yeux ».
Quelques années plus tard, grâce à Photius, son beau-fils, Bélisaire ouvrit provisoirement les yeux et chercha à punir Théodose. Celui-ci réussit à s’enfuir, fût protégé par Théodora, qui abrita dans son palais les amours adultères d’Antonine. Faible, Bélisaire, relevé de tous ses commandements, s’étant vu confisqué sa garde personnelle et sa fortune, finit par s’humilier auprès de l’impératrice et de sa femme et donc par accepter la liaison. Le destin voulut que peu après, Théodose meure de maladie.
Quant à Photius, pour avoir dénoncé le scandale, il ne dut son salut que dans la fuite, après avoir été emprisonné et torturé.
Voltaire a eu ces mots particulièrement sévères : « Justinien et Bélisaire avaient pour femmes les deux plus impudentes carognes qui fussent dans tout l’empire. La plus grande faute de Bélisaire, à mon sens, fut de ne savoir pas être cocu. Justinien son maître était bien plus habile que lui en cette partie. Il avait épousé une baladine des rues, une gueuse qui s’était prostituée en plein théâtre, et cela ne me donne pas grande opinion de la sagesse de cet empereur, malgré les lois qu’il fit compiler, ou plutôt abréger par son fripon Tribonien. Il était d’ailleurs poltron et vain, avare et prodigue, défiant et sanguinaire ; mais il sut fermer les yeux sur la lubricité énorme de Théodora ; et Bélisaire voulut faire assassiner l’amant d’Antonine.»
On notera aussi qu’à travers son entourage, Théodora poursuivait en quelque sorte son libertinage par procuration. De la même manière, elle fit en sorte que le mariage de son petit-fils avec la fille unique de Bélisaire soit inévitable, en faisant dépuceler la jeune fille en sa présence. On pourrait aussi citer ce jeune homme de bonne famille qu’elle contraignit à épouser son amie Chrysomallo, ancienne prostituée comme elle.

ANTONINE LA COUGAR : séduire à tout âge !

Ce qui est aussi intéressant dans l’histoire d’Antonine, c’est le pouvoir de séduction que conservait cette femme, tant envers Bélisaire, alors qu’elle avait sans doute dix ans de plus que son mari. On dirait aujourd’hui que cette femme fut une cougar. Nul n’est choqué quand un homme plus âgé séduit des femmes plus jeunes. Pourquoi l’inverse poserait il problème ?
On se rappellera qu’Antonine a eu une longue liaison adultère de près d’une décennie avec Théodose, une jeune homme d’une vingtaine d’années, et qui a débuté alors qu’elle avait près de cinquante ans !

En tout cas, je ne peux que souhaiter qu’être toujours aussi séductrice qu’Antonine à son âge !

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